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au lieu de parler avec l’accent de la simple vérité, et, quand il indiquait à Laura le moyen de ne pas s’abandonner à la rêverie et d’être forte, c’était afin qu’elle lui appartînt plus sûrement, et ne laissât pas le remords s’éveiller dans son cœur. Elle se sentit plus calme, après cette conversation, et plus capable d’être polie avec les hôtes de ses parents. Elle joua du piano, elle chanta, sachant que Philippe n’en serait pas fâché.

Cependant ce fut à Eveline que revint l’honneur d’égayer la soirée. Elle était très attrayante, et Philippe convenait qu’il fallait à Thorndale bien de la résolution pour se tenir éloigné du groupe où elle régnait en souveraine, et inspirait la gaieté en vraie fée. Elle obtint de Walter qu’il chantât des mélodies irlandaises avec elle. C’était la première fois qu’il se faisait entendre en société, parce que madame Edmonstone n’avait jamais su s’il aimerait qu’on le lui demandât. Madame Brownlow fut dans le ravissement, et, Eveline ayant dit qu’il fallait entendre Walter chanter avec Laura et Amy, qui étaient bien meilleures musiciennes qu’elle, il n’y eut pas moyen de refuser. Madame Brownlow les loua en vraie connaisseuse, ce qui leur fit plaisir, mais Philippe trouvait Walter ridicule de se montrer dans un salon un véritable mélomane. Quand les invités se furent retirés, et qu’on se fut dit bonsoir, Philippe demeura encore un moment au salon pour finir une lettre. Walter, qui avait aidé Charles à monter l’escalier, revint pour chercher quelque chose.