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Page:Yonge - L'héritier de Redclyffe, Vol 1, 1855.djvu/159

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— Que pouvons-nous faire ? dit tristement Laura.

— C’est ma profession qui est une barrière insurmontable. Hélas ! j’ai fait ce sacrifice pour voir ma sœur se dégrader par son mariage.

— Voilà un vrai chagrin, dit Laura.

— Sans cela, je n’aurais aucun regret. Mais pourquoi parler de ces choses ? Je n’y reviendrais pas, si mon bonheur seul en dépendait… voici votre père.

M. Edmonstone arriva hors d’haleine et trop pressé pour observer la rougeur de sa fille. Le convoi était déjà en marche, qu’il passa encore la tête par la portière pour recommander à son neveu de venir les voir dès qu’ils seraient de retour.

Comme Philippe s’en retournait, il rencontra madame Deane, qui lui demanda s’il ne lui conseillait pas d’inviter son cousin Walter à un dîner qu’elle donnait.

— C’est un jeune homme si sensé et si poli, dit-elle. Il a mis tant d’empressement à s’excuser de n’être pas venu à notre bal !

— Il sera très reconnaissant de votre invitation.

— Je vais donc lui écrire. Ce jeune homme est si charmant, si modeste ! Je ne doute pas qu’il ne fasse honneur à sa position, et ne devienne un des hommes les plus distingués de l’époque.

Ces paroles firent encore sentir à Philippe combien une position brillante dispose favorablement en faveur de celui qui la possède, et lui ouvre toutes les voies. Pour lui, avec tous ses talents et le cœur de Laura, qu’était-il ? Alors, certaines visions de sa sœur Mar-