Page:Yonge - L'héritier de Redclyffe, Vol 1, 1855.djvu/182

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 176 —

gnait contre elle-même, en voyant combien la présence de ce jeune homme était nécessaire à son bonheur, combien elle l’avait recherchée. Il fallait en finir, quoiqu’il lui en coûtât. Amy s’agenouilla donc, et pria Dieu de l’aider à garder sa résolution.

Elle ne se doutait pas que, dans cette affaire, l’inclination était réciproque, et qu’elle ferait souffrir Walter autant qu’elle-même en s’éloignant de lui.

Le lendemain matin, Amy sentit sa résolution s’affermir ; mais, quand Laura vint lui demander ce que madame Edmonstone pensait de leur projet, elle se sentit confuse, baissa les yeux, répondit qu’elle était indécise. Heureusement sa mère entra dans le moment, disant qu’elle avait pensé à la course en question, et voulait être aussi de la partie. Amy comprit pourquoi et en fut bien reconnaissante.

Quand Laura avait voulu changer de conduite vis-à-vis de Walter, elle y avait facilement réussi, sans en avoir l’air, car elle était très calme et sentait son cœur parfaitement libre. Elle avait donc pu juger de ce qu’elle devait faire ou ne pas faire, et sauver les apparences. Mais il n’en était pas ainsi de sa jeune sœur. Elle avait peur d’elle-même et se jeta dans l’exagération. Elle ne voulut descendre qu’au dernier moment, pour éviter les causeries du matin. À déjeuner elle ne parla presque pas, et, dans le jardin, elle n’osait s’éloigner d’un pas de Laura et d’Eveline. Charles l’ayant appelée de la fenêtre pour venir lire avec lui et Walter, elle le pria de l’excuser, disant qu’elle ne pouvait aller.