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une demi-obscurité ; Amy remarqua Walter tout seul dans un coin. Charlotte était fort animée ; elle babillait beaucoup, et sa sœur ne fit pas trop attention à ce qu’elle disait jusqu’à ce qu’elle l’entendit s’écrier :

— Oh ! je voudrais que vous entendissiez Walter chanter cela !

— Ce serait un bon moment pour l’entendre, dit Eveline. Charlotte, allez le lui demander.

— Non, non ! Charlotte, dit Laura.

— Pourquoi pas ? demanda Eveline.

— Il a l’air si sérieux, répondit la petite fille avec timidité.

Malheureusement Eveline était en humeur de plaisanter, et, rendue plus hardie par l’obscurité :

— Cela lui fera du bien, dit-elle. Et, je vous dirai comment vous pourrez le décider : dites-lui que c’est Amy qui l’en prie. Allez, n’ayez pas peur.

— C’est cela, s’écria Ellen Harper en riant.

Amy savait que Walter serait offensé. Il regardait la musique comme une chose sérieuse, et il n’aimait pas qu’on lui demandât un morceau d’un caractère gravé dans une société de ce genre. Qu’allait-il penser d’elle ? il croirait qu’elle voulait le fâcher, après lui avoir montré une froideur à laquelle il était évidemment sensible. Elle voulut arrêter sa sœur ; Laura interposa son autorité, mais la petite enfant gâtée charmée d’être soutenue par tant de personnes contre ses sœurs, fut bientôt auprès de Walter, à qui elle fit sa commission.

Il se leva vivement, vint droit à Amy, et lui de-