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où le soleil ne brillait jamais ; une immense salle et des chambres aux boiseries de chêne, que les bougies ne parvenaient jamais à éclairer ; en un mot, une demeure faite pour des revenants.

— Figurez-vous ce pauvre jeune garçon tout seul dans cette lugubre habitation ? dit madame Edmonstone, je suis bien aise que votre oncle et vous alliez le voir.

— Parlez-nous un peu de lui, dit Laura.

— Il semblait complétement déplacé à Redclyffe, répondit Philippe. Il y avait dans le vieillard un air de profonde et calme mélancolie et une courtoisie parfaite, dénotant ce que les vieux livres appellent un gentilhomme accompli ; en sorte qu’il convenait à son château, comme un ermite à sa cellule. Mais Walter formait un contraste complet avec son entourage : toujours animé, folâtre, jouant mille tours, provoquant les échos solennels par ses cris, ses chants, ses rires. Cela finissait par me fâcher.

— Et comment M. Morville prenait-il tout cela ?

— C’était curieux d’observer Walter lui contant avec animation quelqu’un de ses exploits, riant, se frottant les mains, sautant et gambadant, sans recevoir plus de réponses que s’il avait parlé à une statue.

M. Morville n’y prenait donc aucun intérêt ?

— Pardon ; mais à sa manière. Il lui accordait de temps en temps un regard ou un signe qui témoignaient son attention ; mais ses encouragements étaient si peu de chose qu’un enfant moins ardent n’aurait pas continué.