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soudaine froideur d’Amy avait pour but de le décourager.

Jamais pauvre cousin ou malheureux précepteur ne se sentit plus confus à l’idée de confesser son amour que ne l’était l’héritier de Redclyffe. Mais il sentait qu’il n’avait pas le droit de vivre chez M. et madame Edmonstone en aimant leur fille sans le leur dire. Il était temps d’en finir, puisqu’il ne pouvait plus souffrir que le nom d’Amy fût mêlé à une sotte plaisanterie sans en être si fort irrité. Il se décida donc à ne pas quitter Hollywell sans faire sa confession à madame Edmonstone.

Comme Walter se rendait auprès de cette dame il rencontra Amy qui venait le chercher.

— Walter, dit-elle, je voulais vous dire combien je suis fâchée qu’on vous ait fait de la peine hier au soir.

— N’y pensez plus ! s’écria-t-il surpris.

— C’est ma faute, j’aurais dû arrêter Charlotte plus tôt au lieu de la laisser s’échapper ainsi.

— Vous ! Je… je… Amy, n’y pensez plus ! Je voudrais vous parler, voulez-vous rester un instant avec moi !

Sa mère l’aurait-elle trouvé mauvais ? Oh ! non, il fallait bien l’écouter, et cependant le cœur d’Amy battait bien fort, pendant que Walter, cueillant une longue branche de roses noisettes et la tortillant avec embarras dans ses doigts, lui dit :

— Il faut que vous sachiez pourquoi vos regards et vos paroles ont assez d’influence sur moi pour me