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madame Henley, qui était disposée à le protéger comme Philippe l’aurait fait à sa place. Cette protection n’était pas sans valeur, car madame Henley voyait une bonne société, et le nom de son père était toujours fort respecté dans le pays. Sa maison était bien tenue, et ses talents, qu’elle avait eu le temps de cultiver, puisqu’elle n’avait pas d’enfants, faisaient d’elle une personne fort remarquable à Saint-Mildred. Elle était à la tête de la société de lecture et de tous les comités de bienfaisance, et elle donnait des soirées littéraires, où l’on n’était pas admis sans peine, ce qui en augmentait le prix.

Elle était plus belle à trente-deux ans qu’elle ne l’avait été dans sa première jeunesse ; elle était grande, et avait des manières imposantes et distinguées. La première fois que Walter la vit, elle lui rappela Philippe et madame Edmonstone. Mais elle ressemblait à sa tante sans être aussi agréable, sans avoir ses manières affectueuses et presque naïves. Elle avait, comme Philippe, cet air d’assurance qui va bien à un homme, mais qui ne plaît pas dans une femme.

Walter trouva bientôt encore une autre ressemblance ; car il n’avait pas été un quart d’heure avec madame Henley, qu’il sentit en lui cette impatience inexplicable que lui causait toujours la conversation de Philippe. Elle lui demanda des nouvelles de la famille Edmonstone ; cependant, comme elle n’avait pas vu ses jeunes cousines depuis son mariage, elle en parla peu. Mais Walter aimait trop Charles pour ne pas souffrir à entendre madame Henley parler de son ca-