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La servante lui fit une révérence, monta, et revint dire que madame Dixon le priait d’entrer. Elle le conduisit, par un sombre passage et un escalier plus sombre encore, dans un petit parloir fort sale, meublé d’un tapis rayé rouge et vert, d’un canapé de crinoline noire et d’une grille recouverte de papier découpé ; on y sentait fortement le cigare et l’eau-de-vie. On voyait sur la table quelques préparatifs de déjeuner, mais personne dans la chambre, excepté une petite fille de six à sept ans, vêtue d’habits de deuil usés. Elle était pâle et avait une apparence maladive : mais ses beaux yeux bleus avaient une expression extrêmement douce, et ses longs cheveux blonds tombaient en boucles épaisses sur son cou et sur ses épaules. Elle dit à Walter, d’une voix douce, et timide :

— Maman va venir. Voulez-vous avoir la bonté de l’attendre un moment ?

Puis elle voulut s’échapper avant que la servante eût refermé la porte. Mais Walter se baissant pour se mettre à son niveau :

— Demeurez, ma petite, lui dit-il. Ne voulez-vous rien dire à votre cousin Walter ?

Les enfants étaient toujours attirés par son sourire et la douce voix qu’il prenait pour parler aux petits et aux faibles ; aussi la petite fille lui donna-t-elle la main de bon cœur. Il caressa ses boucles soyeuses et lui demanda comment elle s’appelait.

— Marianne, répondit-elle.

C’était le nom de sa mère, et cette petite créature