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qu’il avait de plus cher, et qui avait tourné contre lui l’excellent mais faible M. Edmonstone. Sa fierté blessée, et la douloureuse pensée de perdre Amy, lui causaient des souffrances extrêmes, auxquelles venaient se joindre celle, non moins grande, d’être encore une fois emporté par cette violence naturelle à laquelle il avait si longtemps fait la guerre.

Il traversa sans s’arrêter les collines et les bruyères ; il ne réfléchissait pas où il allait, et enfin, de lassitude, il se laissa tomber sur un rocher, où il demeura assis et hors d’haleine pendant assez longtemps.

— Oui, se disait-il. Il me le payera ! Il y a longtemps que je le vois, il me hait depuis que nous nous connaissons. Et n’ai-je pas tout supporté ! Cet air de protection insupportable, ces mille coups d’épingle ! Mais chercher à me brouiller avec la famille Edmonstone ! C’en est trop ! sachant surtout quel lien nous unit. Dès ce soir il sera démasqué. Il saura dès ce soir à qui il a affaire !

Walter prononça ces dernières paroles les dents serrées et avec un violent désir de vengeance. Il demeurait assis, formant son plan dans sa tête ; il voulait partir sur-le-champ, voir Philippe dès le lendemain matin, lui demander raison de son mensonge. Ce besoin d’agir l’ayant porté à se demander où il était, il leva les yeux et regarda autour de lui.

Le soleil se couchait derrière les collines, dont il dorait les cimes avant de disparaître. Entouré de nuages brillants, il projetait ses derniers rayons sur les bruyères en fleur.