Page:Yonge - L'héritier de Redclyffe, Vol 1, 1855.djvu/239

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Ce spectacle fit rentrer Walter en lui-même : il avait toujours été sensible aux beautés de la nature ; elles ne manquaient jamais de lui rappeler leur Auteur. Une sainte influence pénétra jusqu’à son cœur et l’éclaira sur l’horrible état de son âme. — Walter avait ce que quelques personnes appellent beaucoup d’imagination, et d’autres une foi vivante. Il frémit ; les coudes appuyés sur ses genoux et pressant son front entre ses mains, il demeura quelque temps en proie à un terrible combat. Il lui semblait entendre la voix d’un démon le poussant à la vengeance. Mais chez lui la tentation était d’une telle nature qu’il ne pouvait s’en cacher les fatales conséquences, ni se faire illusion sur le péché qu’il commettait en se livrant à de semblables pensées. Il serrait l’une contre l’autre ses mains crispées et pouvait à peine demander à Dieu la force de pardonner. Cependant il restait comme cloué à sa place, bien décidé à ne pas la quitter avant de pouvoir dire du cœur aussi bien que des lèvres : « Pardonne-nous nos offenses, comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés ! » Il pouvait d’abord à peine penser à ce qu’il disait, les paroles sortaient froidement de sa bouche ; mais il les répéta jusqu’à ce que la glace se fondît, et enfin il sentit qu’elles sortaient vraiment de son cœur. Ses propres fautes se présentaient innombrables à ses yeux, ainsi que l’image de Celui qui lui en avait acquis le pardon. Ses yeux se remplirent de larmes, l’ennemi était repoussé.

Cependant ses mains couvraient encore son visage,