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question embarrassante ; mais ce n’est pas là se justifier.

— Il est vrai qu’il aurait pu avoir plus de confiance en moi. J’aurais bien gardé son secret.

— Toujours dès mystères ! reprit Philippe.

— Du reste cette lettre est très convenable, continua M. Edmonstone, et, puisqu’il affirme n’avoir jamais joué, que peut-on exiger de plus ?

— Il ne dit pas qu’il n’a jamais parié ! dit Philippe.

— Walter n’est pas capable d’un pareil subterfuge ! s’écria madame Edmonstone.

— Je ne le croirais pas non plus, si nous ne savions qu’il a payé un habitué des courses de chevaux avec le dernier billet de mon oncle.

— Je ne vois aucune bonne raison de le soupçonner, reprit-elle.

— Ses propres paroles l’accusent. Il ne veut pas répondre à la question de mon oncle ; il avoue qu’il a eu des torts, et ainsi rétracte sa négation première. À mes yeux, voici le sens de sa lettre : Je ne veux pas rompre avec vous, tant que vous ne pourrez pas prouver que je suis coupable.

— Il ne trouvera pas cela si facile ! s’écria M. Edmonstone. Ce n’est pas ainsi que l’on se joue de moi, surtout quand il s’agit du bonheur de ma fille ! Qu’il ne me reparle pas d’elle avant que tout ceci soit expliqué d’une manière satisfaisante. Voilà ce que c’est que de s’engager en mon absence !

Madame Edmonstone sentit si vivement ce dernier reproche qu’elle ne dit plus rien.