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Quoique Walter souffrît beaucoup d’être séparé d’Amy, son respect pour elle l’aidait à se soumettre. Il avait toujours pensé qu’elle était fort au-dessus de lui ; et si, contre toute attente, il lui avait été permis d’espérer quelque temps, il croyait que son dernier retour à ses mauvaises passions l’avait de nouveau précipité trop bas pour qu’il pût penser à elle. Il frémissait à l’idée des maux qu’il lui aurait causés, si elle avait été sa femme, et il s’affligeait de ce qu’aujourd’hui même elle souffrait à cause de lui. Cependant pour rien au monde il n’aurait voulu la savoir insensible, quand il se rappelait le regard qu’elle lui avait adressé, lorsqu’elle était assise aux pieds de sa mère. Mais Amy serait toujours pure, douce et pieuse, même dans son chagrin, et il se la représentait comme un des anges du paradis de Flaxmann, la tête baissée, les mains jointes et une étoile au front. Il valait mieux la perdre que d’avoir détruit sa sérénité !

Cependant il désirait toujours prouver son innocence, quoiqu’il en perdît l’espérance de plus en plus. Après avoir écrit tout ce qu’il avait pu, son seul recours était d’attendre quelque circonstance qui découvrît le mystère. La sympathie de Charles et son désir de les servir étaient la seule consolation de Walter.

Il n’avait pas revu son oncle dernièrement. Peut-être Sébastien était-il retenu par la honte de se présenter après leur dernière rencontre, ou occupé par son engagement ; mais sa femme était toujours à Saint-Mildred avec son enfant. Walter la vit un jour assise sur un banc au bord de l’un des sentiers qui ser-