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même demandé une promesse. Cependant je me sens sûr que notre amour sera éternel !

— Oui, éternel ! répéta-t-elle avec ferveur. Philippe, je vous ai toujours aimé, et, depuis le jour de notre entretien à Ashendown, vous avez eu toute mon affection. Je crains même de n’avoir pas gardé assez de place pour d’autres, car je sens bien que votre départ m’afflige plus que la maladie de Charles.

— Oui, vous m’avez compris mieux que personne, et vous n’avez jamais douté de ma sensibilité, malgré ma froideur apparente, même envers vous. Vous m’avez confié votre bonheur, et vous n’aurez pas sujet de vous en repentir.

— Une seule chose m’inquiète, dit timidement Laura. Ne vaudrait-il pas mieux informer maman ?

— J’y ai réfléchi ; mais, Laura, souvenez-vous que vous êtes libre, et que je ne veux vous lier par aucune promesse. Vous pouvez vous marier demain, et je n’aurai pas le droit de me plaindre.

Elle se récria avec douleur.

— C’est vrai, reprit-il. Vous ne le pourriez pas, et cela me suffit, je n’en demande pas davantage, sans le consentement de vos parents : ce serait leur causer une peine inutile que de faire cette demande à présent. Ils objecteraient ma pauvreté, et notre position ne serait pas changée, car je ne serai jamais assez égoïste pour vouloir vous faire partager le sort d’un pauvre officier. D’ailleurs aurions-nous plus de confiance l’un en l’autre si nous étions fiancés ? Attendons mon avancement. D’ici là… (Philippe sourit tris-