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tait jamais démentie. Mais il fut trompé dans son attente, en sorte qu’il se demanda s’il l’aurait involontairement offensé.

Philippe aurait-il trouvé peut-être quelque chose qui parût l’accuser ? Mais il ne croyait pas avoir enfreint en aucune manière les règlements de l’université. Ce qu’on avait pu dire de plus fâcheux, c’est qu’il n’était pas un élève très fort, et du reste il savait que sa réputation était meilleure qu’il ne croyait la mériter.

Plus Walter réfléchit, plus sa tristesse augmenta. Il ne pouvait imaginer autre chose, sinon que M. Edmonstone avait défendu à son fils de lui écrire ; et cependant pourquoi cette défense, puisqu’il n’avait pas même essayé de communiquer avec Amy ? Quelle souffrance d’être ainsi séparé de tous ceux qu’il aimait ! Tant que Charles lui avait écrit, il avait pu se représenter sa sœur assise auprès de lui, peut-être même cachetant la lettre. Il pouvait deviner par le papier et l’enveloppe si Charles avait écrit au salon ou dans le cabinet de sa mère ; mais maintenant rien, plus rien ! Il était séparé par une barrière infranchissable du bonheur qu’il n’avait fait qu’entrevoir.

Sans le travail et la prière, il n’aurait pu traverser ce trimestre ; mais enfin il toucha au moment des vacances de Noël : chaque jour il attendit encore une lettre qui lui dît au moins de ne pas venir à Hollywell. Il fut encore trompé dans son attente, et il ne put faire autre chose que de se rendre à Redclyffe. S’il avait craint, dans des jours plus heureux, de revoir cette habitation délaissée depuis la mort de son grand-