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Walter ouvre la fenêtre, le vent s’y engouffre violemment, et apporte avec lui le bruit d’une nouvelle décharge. Walter ferme vite la fenêtre, allume une lumière, s’habille et prend la clef de la maisonnette où il tenait son bateau. Il s’arme aussi d’un télescope de poche, et, après s’être enveloppé d’un gros paletot, il s’élance hors de la maison. Ce ne fut pas sans difficulté qu’il parvint à ouvrir les serrures compliquées de la porte d’entrée ; et, quand il y fut parvenu, un tourbillon de vent éteignit la lumière. Au reste, il pouvait s’en passer, car la violence du vent avait enfin dissipé les nuages ; la lune brillait au ciel, et sa clarté paisible contrastait avec celle des éclairs, toujours plus rares.

Walter traversa la cour, et courut sur la colline, où il faillit être renversé par la violence du vent. Cependant il tint bon. Les vagues étaient furieuses, éclairées d’un côté par la lune, plongées de l’autre dans l’obscurité. L’écume blanche volait au loin ; le Shag paraissait seul immobile et dressait fièrement sa masse noire… Walter, presqu’aveuglé par le vent et par l’eau de mer, emportée jusqu’à lui, demeurait ferme et regardait encore, pour s’assurer qu’il ne se trompait pas. C’était bien le mât d’un vaisseau qui se dessinait sur la ligne brillante de l’horizon ; près des rochers, à l’ouest du Shag, le mât était incliné et immobile ; sans doute le vaisseau avait échoué sur les écueils, à l’entrée de la baie. Quand les yeux de Walter se furent accoutumés à l’obscurité, il put distinguer même le bâtiment. Il regarda avec sa longue-