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vue, et ne vit personne à bord ni aucune embarcation à la mer ; mais, ayant observé un rocher de moindre dimension, il crut y remarquer quelque chose de noir qui remuait.

— Du secours, à l’instant ! s’écria-t-il ; et, regardant le village, il vit des lumières aux fenêtres des cabanes, et entendit quelque bruit, qui lui fit deviner que la population était déjà sur pied.

Il descendit bien vite de ce côté : il n’y avait pas de sentier, mais lui-même et quelques-uns des plus hardis dénicheurs d’oiseaux du village s’y étaient aventurés souvent, en s’aidant des buissons de genêt. Il arriva au bas sans accident, et trouva, au bout du village, une foule de pêcheurs réunis sur le rivage. Les uns disaient que tout était perdu, les autres que les naufragés avaient gagné le roc, et l’on ajoutait qu’aucun bateau ne pourrait résister à une pareille mer. On apporta bientôt un vieux télescope dont chacun voulait se servir. Ben Robinson, grand et hardi jeune homme de vingt-cinq ans, était debout sur un pan de mur, invitant les autres à le suivre dans un bateau, tandis qu’un faible vieillard, Jonas Ledburg, s’écriait que c’était un péché de laisser périr tant de pauvres créatures sans rien tenter pour les sauver. Mais tous demeuraient irrésolus, à la vue des vagues monstrueuses et des faibles embarcations.

— Savez-vous où est l’équipage ? cria Walter, pour se faire entendre au milieu du bruit de la tempête.

— Là, Monsieur, sur la roche noire et plate, dit le