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mille à soutenir, et ils répondirent résolument à l’appel.

— Il nous faudrait un second bateau, dit Walter. M. Brown (c’était le propriétaire du télescope), le vôtre est le plus léger et le plus solide, voulez-vous le prêter ?… Merci ! Martin tiendra le gouvernail, il connaît les rocs.

Walter désigna le reste de l’équipage. Au dernier homme, il hésita. Un jeune pêcheur, d’une taille athlétique, s’avança.

— S’il vous plaît, Monsieur, ne pourrais-je pas aller aussi ?

— Non, je vous prie, Jem : songez (il baissa la voix) que votre mère n’a plus que vous. Ici, Jack Horn ! vous êtes un bon rameur ! Allons, sommes-nous prêts ?

— Oui, tout prêts !

On lança les bateaux, non sans difficulté, car la mer était toujours furieuse. Les hommes saisirent leurs rames ; ils jetèrent un regard en avant sur le roc, puis en arrière sur le rivage, et enfin sur la figure de leur jeune chef. Ces braves gens ne devinaient pas l’émotion qu’il éprouvait en pensant qu’il allait sauver des vies ou en perdre ; risquant volontiers la sienne pour ses semblables, et ne se cachant pas le danger de sa position, quoiqu’il fût sans peur.

La nouvelle du naufrage avait gagné la partie supérieure du village, et M. Ashford, mettant la tête à la fenêtre pour s’informer de la cause du bruit qu’il entendait, apprit de tous côtés qu’un vaisseau était