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à gronder les pêcheurs, soit séparément, soit collectivement, tandis que M. Ashford cherchait à connaître l’étendue du péril. Les vieux pêcheurs disaient qu’il était grand ; que cependant ce n’était pas une tentative désespérée. Tous les jeunes gens étaient de bons rameurs, et M. Walter connaissait bien ces parages, mais saurait-il gouverner un bateau par une pareille mer ? Ils ajoutèrent qu’il n’y aurait pas eu moyen de le retenir.

— Voyez, Monsieur, dit le vieux James Robinson, il parlait comme un capitaine de vaisseau ; et, quoiqu’en dise M. Markham, il aurait lui-même cédé.

— Votre fils est allé avec lui ?

— Oui, Monsieur, et je n’aurais pas voulu l’en détourner. J’espère, s’il plaît à Dieu, qu’il reviendra sain et sauf, et cela le rendra sage pour l’avenir peut-être.

— N’était-ce pas lui qui voulait aller au secours des naufragés avant l’arrivée de M. Morville ?

— Oui, Monsieur, répondit le vieillard avec une satisfaction mélancolique. Ben est assez courageux ! Mais voici la différence : il l’aurait fait par bravade, tandis que M. Walter l’a fait avec réflexion. J’espère que ce sera une leçon pour Ben !

La pluie recommença, moins violente qu’auparavant ; mais elle fit retirer une partie de la foule, laissant seulement sur le rivage le ministre, l’intendant et quelques pêcheurs. Ils ne pouvaient rien distinguer à cause de l’obscurité, et le bruit de la mer était toujours terrible. Personne ne disait mot. Enfin la lune