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— Quel usage ferai-je de lui ? se disait Charles. Il ne sera bon à rien, si cela continue de la sorte ; il tient là un livre plus sérieux que je n’en ai jamais vu tenir à Philippe lui-même un jour ouvrable. On l’a si bien puritanisé, qu’il n’est plus bon à rien. Mais je ne m’en inquiéterai plus.

Charles essaya de lire ; puis, relevant les yeux :

— C’est inutile ! Je ne puis m’empêcher de penser à lui. Cette expression calme et paisible contraste singulièrement avec ces traits brunis par le soleil et avec ces yeux où brille encore tout le feu des Redclyffe.

Madame Edmonstone entra dans ce moment, et jeta un regard autour de la chambre, comme pour chercher une occupation pour son hôte. À la fin, elle lui proposa une partie d’échecs avec Charles. Celui-ci adressa à sa mère un coup d’œil qui signifiait que ni l’un ni l’autre ne s’en souciaient ; mais elle était accoutumée à l’obliger malgré lui, espérant qu’il lui en saurait gré plus tard. Charles était très fort aux échecs, et il rencontrait rarement un adversaire qui jouât assez bien pour que la partie l’intéressât véritablement. Mais Walter se trouva bien supérieur à ses adversaires accoutumés, et suivait une marche hardie, qui obligeait Charles à être toujours sur ses gardes ; enfin il se laissa surprendre et fut en échec et mat. Aussi sa mauvaise humeur s’évapora, et dès lors ils firent une partie chaque jour, quoique Walter n’eût pas l’air d’y tenir autrement que pour faire plaisir à Charles.

Livré à lui-même, Walter passait son temps à lire