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ou à se promener seul dans les environs. Il aimait à s’asseoir avec un livre dans les profondes embrasures des fenêtres du salon ; mais quelquefois, quand elles s’y attendaient le moins, les jeunes filles s’apercevaient que ses yeux pénétrants observaient, avec un air d’intérêt, tantôt Amable, soignant ses fleurs ou rendant quelque service à Charles, tantôt Laura dessinant, écrivant ou s’efforçant de mettre un peu d’ordre dans les piles de livres et de journaux sous lesquels son frère semblait comme écrasé : tâche vaine, car il avait toujours besoin de ceux qu’elle avait éloignés de sa portée.

Laura et Amable étaient toutes deux bonnes musiciennes ; la première, surtout, chantait et jouait très bien du piano. La première fois que l’on fit de la musique après l’arrivée de Walter, chacun fut frappé du plaisir qu’il parut éprouver. Peu à peu il s’aventura plus près du piano, quand les jeunes filles étudiaient, et enfin il joignit à leur chant quelques notes si mélodieuses, que Laura, se retournant avec surprise, lui dit :

— Vous chantez mieux que nous !

Il rougit.

— Je vous demande pardon, dit-il, c’était sans y penser, car je ne suis pas musicien.

— Vraiment ? dit Laura avec un sourire d’incrédulité.

— Il faut donc que vous ayez l’oreille bien musicale : essayons encore cette voix.

Les deux sœurs furent de nouveau charmées et