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— Étiez-vous auprès de lui quand il s’est trouvé mal ? lui demanda madame Edmonstone, qui vit que de parler le soulageait.

— Non, Madame ; c’était un instant avant le dîner. J’avais été chasser, et en rentrant je passai dans la bibliothèque pour lui dire d’où je venais. Il était bien alors, car il me parla, mais, comme il faisait sombre, je ne vis pas sa figure. Je ne mis pas dix minutes à ma toilette, mais, quand je redescendis, il s’était affaissé dans son fauteuil. Je vis tout de suite que ce n’était pas le sommeil, — je sonnai, — et, quand Arnaud entra, nous vîmes ce qui en était.

Ici la voix manqua au jeune Walter.

— Reprit-il connaissance ?

— Oui, c’est une consolation pour moi, reprit Walter. Après avoir été saigné, il sembla s’éveiller un peu. Il ne put ni parler, ni faire aucun mouvement, mais il me regarda… Sans cela… je ne sais ce que j’aurais fait.

Ces derniers mots furent suivis d’un torrent de larmes, qu’il ne put retenir, et, comme il se détournait pour les cacher, il vit couler aussi celles de madame Edmonstone.

— Vous aviez grande raison de lui être si attaché, dit-elle, dès qu’elle put parler.

— Oh oui ! Et après un long silence il reprit : Il était tout pour moi, tout, d’aussi loin qu’il me souvienne. Je n’ai jamais senti la perte de mes parents. Je ne puis exprimer l’intérêt qu’il prenait à mes plaisirs, à mes projets ; comme il me surveillait, comme