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il s’inquiétait pour moi, avec quelle patience il me supportait.

Walter parlait d’une voix saccadée, et avec tant de sentiment, que madame Edmonstone en était profondément émue, sachant que M. Morville l’avait traité fort sévèrement ; elle avait grand’pitié de ce jeune homme, qui avait perdu toute sa famille en perdant son aïeul.

— Quand la première douleur, causée par cette séparation inattendue, sera calmée, dit-elle, vous aimerez à vous rappeler cette affection que vous saviez si bien apprécier.

— Si seulement j’avais su l’apprécier ! s’écria Walter, mais j’étais souvent impatient, insouciant, sans égards pour lui, rebelle même… Oh ! que ne donnerais-je pas pour être encore sous sa dépendance !

— C’est ce que nous éprouvons tous après une perte semblable, dit madame Edmonstone ; mais vous avez le bonheur de savoir que vous étiez toute sa consolation.

— J’aurais dû l’être.

Elle savait que sa conduite envers son grand-père avait toujours été celle d’un enfant affectionné et dévoué, et elle essaya d’en dire quelque chose ; mais il ne voulut pas l’entendre.

— Ah ! Madame, répondit-il, il ne faut pas croire tout ce qu’on dit de moi là-bas. Ils me vanteraient de même, quand j’aurais mille défauts !

Un silence suivit ces paroles, et, comme madame Edmonstone méditait quelques consolations nouvelles,