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Il fit un signe approbatif, mais ils ne purent en dire davantage, parce que M. et madame Edmonstone entrèrent, suivis bientôt d’autres invités.

Parmi eux se trouvait Maurice de Courcy, jeune Irlandais, qui ne songeait qu’à rire, et que son cousin, M. Edmonstone, aimait beaucoup ; deux demoiselles Harper, filles de l’ancien ministre, bonnes personnes, mais assez ordinaires ; le docteur Mayerne, qui était le médecin de Charles et le vieil ami de la maison, puis le vicaire actuel, M. Ross, et sa fille Mary.

Mary Ross était la plus intime amie des jeunes Edmonstone, quoiqu’elle eût vingt-cinq ans et continuât de les considérer comme des enfants. Elle avait perdu sa mère dès son bas âge, et madame Edmonstone s’était toujours intéressée à elle, la voyant grandir seule au milieu de tous ses frères aînés. Elle n’avait jamais été jeune fille ; jusqu’à l’âge de quatorze ans, ce fut un petit garçon ; après, elle devint une femme. Depuis cette époque de transition elle n’avait changé en rien, et avait conservé les mêmes affections, les mêmes goûts, les mêmes occupations. Son père était le monde entier pour elle, et lui plaire son seul désir ; ses frères étaient ses camarades ; ses plus grandes jouissances étaient toujours dans une leçon de grec de son père, une fête donnée à l’école du village, un jeu de société, un nouveau livre. Son seul regret était que tout le monde changeât peu à peu, elle seule exceptée. Son père, il est vrai, n’avait guère vieilli depuis la mort de sa mère ; mais ses frères étaient