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devenus des hommes, portaient des favoris, avaient des soucis et pas de vacances. Les petites filles de l’école grandissaient, entraient en service, et devenaient pour elles ce que sont les poulets de l’an dernier pour une vieille poule. Les enfants qu’elle avait tenus dans ses bras se changeaient en de grandes demoiselles, capables de remplir les mêmes devoirs. Laura et Amy Edmonstone n’avaient pas manqué de suivre ce mauvais exemple ! Cependant la petite Amy méritait encore le nom de petit chat, et savait jouer aussi bien que Charlotte et Mary elle-même, lorsqu’elles avaient tout le jardin pour elles.

Mary se donnait beaucoup de peine pour distraire Charles. Elle venait le voir par les plus mauvais temps, quand elle pensait qu’il n’avait pas d’autres visites ; elle restait à causer avec lui, comme si elle avait été la personne la plus oisive du monde. Cependant il serait trop long de détailler toutes ses occupations à la maison et dans la paroisse. Elle avait quelque chose d’animé et de décidé ; pas de craintes ni raffinements superflus ; une taille élancée avec un air de force ; le visage rose et l’expression agréable ; tout le maintien d’une femme, avec une grande fermeté.

Hollywell était un hameau, à deux milles de l’église paroissiale de East-Hill ; ainsi Mary avait à peine vu le nouvel hôte de la famille Edmonstone, qu’on lui avait seulement présenté le dimanche précédent, après le service. Le plaisir sur lequel Charles comptait surtout ce soir-là, était de parler de Walter avec Mary,