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Page:Yonge - L'héritier de Redclyffe, Vol 1, 1855.djvu/64

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quand les dames auraient passé de la salle à manger au salon. Les demoiselles Harper se groupèrent autour du piano avec les jeunes Edmonstone, et madame Edmonstone s’assit au bout du sofa de Charles, pendant que Mary lui causait en tricotant.

— Ainsi, vous vous accordez bien ensemble ?

— Il est du nombre de ces gens qui n’embarrassent jamais, et dont on n’oublie pourtant pas la présence, dit madame Edmonstone.

— Ses manières sont d’une parfaite courtoisie, dit Mary.

— Comme celles de son grand-père, répondit madame Edmonstone. Cette déférence et ces attentions d’une vieille école ont quelque chose de chevaleresque, et font un contraste agréable avec sa vivacité naturelle. J’espère qu’il ne les perdra pas.

— Espérance vaine, dit Charles. Pour le moment, il est comme ce mythe allemand, Gaspard Hauser, qui vécut dans une cave jusqu’à l’âge de vingt ans. C’est heureux pour maman qu’il soit sorti de là courtois et non pas avec des manières d’ours.

— C’est heureux pour vous aussi, Charlot, car il vous gâte joliment !

— Il a le rare talent de me faire distinguer ce qu’il me faut. Je ne savais pas encore ce que c’était de faire ma volonté.

— C’est là ce dont vous vous plaignez ? dit Mary en riant.

— Vous pensez que je fais ma volonté, Mary ? Quelle erreur ! Si vous saviez où j’en suis réduit cha-