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— Vous comprit-il ? Combien de temps attendîtes-vous encore ?

— Je ne sais pas au juste. Le temps me parut assez long ; mais enfin un bateau parut, avec quelques hommes et Triton, dans une angoisse extrême. Ils ne m’auraient jamais trouvé sans lui, car je n’avais plus la force d’appeler. Tout ce que je me rappelle ensuite, c’est d’avoir été couché dans l’herbe dans le parc, où Markham me disait : « Hé ! Monsieur, si vous voulez exposer votre vie, que ce soit au moins pour quelque chose de mieux que pour sauver la vie au méchant bélier du fermier Halt ! »

— Ne vous êtes-vous pas ressenti d’avoir été si mouillé, lui demanda Amy.

— Pas le moins du monde, et je fus bien content d’apprendre que ce bélier appartenait à Halt, car je m’étais fort mal conduit envers cet homme ; je m’étais mis dans une violente colère contre lui, parce qu’il avait battu un de nos chiens qui avait poursuivi ses brebis.

— Le bélier fut-il sauvé ?

— Oui, et, quand je le rencontrai, peu après cet événement, il faillit me renverser d’un coup de tête.

— Exposeriez-vous encore ainsi votre vie ? demanda Philippe.

— Je ne sais pas.

— J’espère que la Société d’Humanité vous a décerné une médaille, dit Charles.

— Triton l’aurait mieux méritée que moi.

— C’est vrai ; vous auriez eu plus de droit à une