ovation, dit Charles en affectant de prononcer l’o bref, non sans regarder Philippe d’un air d’intelligence. Laura vit que Charles était en train de taquiner et qu’il cherchait à renouveler, entre les deux cousins, ce qu’il appelait la querelle de famille ; ainsi elle se hâta de changer le sujet de la conversation, en disant à Philippe :
— Vous avez fait une vive impression sur Walter, avec votre traduction de Fra Cristoforo.
— Oui, je vous remercie de m’avoir indiqué cet ouvrage, dit Walter. Comme c’est beau !
— Je suis bien aise qu’il vous plaise, dit Philippe ; il a toutes les qualités d’un bon roman.
— Je n’ai jamais rien lu d’égal au repentir de l’inconnu.
— Est-ce votre personnage de prédilection ? demanda Philippe en le regardant attentivement.
— Oh ! non… certainement non… Quoiqu’il y ait en lui tant de grandeur qu’il intéresse ; mais personne ne songe à lui autant qu’à Lucia.
— Lucia ! Elle ne m’a jamais semblé autre chose qu’une jeune paysanne prise sur le fait, dit Philippe.
— Oh ! s’écria Walter avec indignation ; mais, se contenant aussitôt, il continua : Elle ne prétend pas à être plus que cela ; cependant elle montre dans tout son éclat la beauté de la simple vertu ; et remarquez le pouvoir de ses paroles sur cet homme sombre et désespéré !
— Encore votre sympathie avec l’inconnu, dit Philippe.