Aller au contenu

Page:Yonge - L'héritier de Redclyffe, Vol 1, 1855.djvu/73

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 67 —

Laura observa que tous les sujets de conversation excitaient Walter trop facilement. Elle se tourna donc vers Philippe, et le pria de leur faire encore une lecture.

— J’ai apporté ce livre exprès, dit Philippe. Je voudrais vous lire une description de cette gravure d’après Raphaël : vous savez la Madone de Saint-Sixte.

— Celle que vous nous avez fait voir l’autre jour, demanda Amy, avec les deux petits anges ?

— Justement. Voici cette description, et il commença la lecture : « Voyez cet enfant, d’une majesté surhumaine, porté dans les bras de la Vierge, comme sur un trône auguste. Remarquez sa grâce divine, son regard ardent ; quelle expression à nulle autre pareille ! Cependant sa ressemblance avec sa mère montre qu’il est homme comme nous, et nous promet sa sympathie. Au-dessous sont deux figures qui l’adorent, chacune à sa manière ; d’un côté c’est un pontife, de l’autre c’est une vierge, deux modèles de la dévotion douce et de la dévotion solennelle chez le vieillard et chez la jeune fille. Au milieu, deux enfants ailés, symboles aussi de la piété enfantine. Leurs yeux ne sont pas tournés vers la Vierge, mais l’un et l’autre montrent, sur leur visage et dans leur posture, combien peu ils pensent à eux-mêmes en la présence de Dieu. »

Tous furent frappés de cette description. Walter ne parla plus d’abord ; mais sa figure avait pris une expression solennelle. Philippe demanda s’il fallait