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d’en dire beaucoup cette fois. Il en fut fâché, et se consola en pensant que Walter finirait par se révolter ouvertement. Charles n’était pas méchant, et il aurait frémi s’il eût prévu le mal qu’il pouvait faire en brouillant les deux cousins. Mais, obligé de mener une vie oisive, il s’était accoutumé à ne considérer les choses que par rapport à son amusement, et l’idée de contrarier Philippe était alors tout pour lui.

À dîner, Walter fut aussi silencieux que le jour de son arrivée. Mais il y avait quelques messieurs qui parlaient politique. Philippe amena la conversation sur les devoirs et les priviléges des grands propriétaires, qui peuvent faire tant de bien. Il s’efforça d’attirer l’attention de Walter en parlant de Redclyffe, de l’influence qu’aurait le chef de la famille Morville, et de l’espérance qu’avait lord Thorndale de le voir embrasser la bonne cause. Il parla vainement ; le jeune héritier de Redclyffe fit des réponses aussi brèves, aussi distraites, que s’il avait été question de l’empereur de Maroc ; et Philippe, pensant qu’il voulait bouder, s’adressa dès lors à Laura.

Dès que les dames eurent passé au salon, Walter parut sortir de sa rêverie, et, s’adressant à M. Edmonstone, il lui dit qu’il craignait de n’être pas assez avancé dans ses études classiques, et lui demanda s’il n’y aurait pas dans les environs quelqu’un qui pût le préparer pour Oxford. M. Edmonstone fut presque aussi surpris qu’il l’aurait été, si Walter lui avait demandé un exécuteur pour lui couper la tête, et Philippe, non moins étonné, pensa qu’il était heureux que Walter