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manche humide, et lui demanda d’où il venait ?

— De me promener le long du mur du jardin.

— Quoi ? par la pluie !

— Je n’ai pas pris garde qu’il pleuvait ; mais me pardonnez-vous de vous avoir ainsi troublé ce soir ? Une autre fois je vous expliquerai la raison de mon agitation.

Le jour suivant, les deux sœurs étaient au jardin et s’amusaient à relever quelques tiges de fleurs, que le vent avait renversées pendant la nuit. Walter, revenant de chez son professeur, vint les joindre et se promena quelque temps avec elles en parlant de choses indifférentes. Tout à coup il dit :

— Il faut que je vous explique ma conduite d’hier.

— Amy pense que vous avez vu le revenant, dit Laura.

— Vous ai-je donc effrayée ? Non, non, je ne l’ai jamais vu, et je ne pense pas que personne l’ait jamais aperçu. Je vous fais encore mille excuses. Mais, quand je songe à l’origine de cette tradition, je ne puis en rire, et si Philippe savait…

— Philippe regarde cette histoire, ainsi que nous le faisons, comme un conte dont la scène est on ne peut mieux placée à Redclyffe.

— Quand j’étais plus jeune, ce récit m’intéressait vivement : je voulus en connaître l’origine et je la trouvai enfin dans de vieux papiers. Ce misérable Hugh de Morville, celui qui commença la querelle avec la famille de vôtre mère, était un courtisan de Charles II, plus mauvais sujet qu’aucun autre de cette