Aller au contenu

Page:Yonge - L'héritier de Redclyffe, Vol 2, 1855.djvu/12

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 6 —

portaient facilement. Quand il fut établi sur son sofa, il commença ainsi :

— Nous avons manqué une belle occasion l’hiver dernier. Je me répétais sans cesse la scène à moi-même, pensant que c’était grand dommage de tant souffrir sans être en danger. Si j’avais seulement pu alarmer un peu mes alentours, j’aurais conjuré mon père de faire venir Walter, puis j’aurais demandé de la manière la plus pathétique que l’on se réconciliât, et enfin je vous aurais unis en rendant le dernier soupir.

Ici il fit le geste de joindre les mains des deux fiancés, se renversa en poussant un soupir et dit :

— Le rideau tombe !

Charlotte rit aux larmes de cette scène ; Amy elle-même ne put garder son sérieux.

— Mais si c’eût été votre dernier soupir, dit Charlotte, vous n’auriez guère joui de votre ouvrage.

— Je serais revenu à la vie plus tard. J’ai eu un moment l’idée de prendre un peu trop d’opium, mais le docteur Mayerne aurait découvert la ruse. Je vous dis ceci, Walter, pour mériter votre reconnaissance ; car si vous saviez ce qu’Amy a été pour moi tout l’hiver, vous ne pourriez assez admirer mon abnégation de vouloir vous la donner, et de ne pas vous considérer comme mon plus grand ennemi.

Après le goûter, Laura voulut aller à East-Hill, et les autres jeunes gens résolurent de l’accompagner.

— Il y a un service, nous pourrons aller à l’église, dit Amy à Walter.