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Page:Yonge - L'héritier de Redclyffe, Vol 2, 1855.djvu/126

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— Je suis bien aise de ne pas avoir appris cela plus tôt, s’écria Amy.

— Y avez-vous pensé, quand vous êtes venu ici ? demanda Philippe.

— Oui, répondit Walter, sans songer à l’impression que produiraient ses paroles. À propos, Philippe, dites-nous ce qui vous est arrivé après nous avoir quittés, et ce qui vous a amené ici.

— Je traversai à pied la Valteline, comme j’en avais formé le projet, et je descendis par les sentiers à travers les montagnes. En arrivant à Bolzano, je ne me sentais pas bien ; mais je pensais que c’était seulement la fatigue, et que le repos du dimanche suffirait à me remettre. Je repartis donc le jour suivant, quoique je sentisse des douleurs dans les jambes et dans la tête.

— Êtes-vous parti à pied ? demanda Amy.

— Oui ; je croyais que mes jambes s’étaient enraidies en gravissant les montagnes, et que la marche les remettrait ; mais je ne voudrais pas avoir à passer encore par tout ce que j’éprouvai dans ces sentiers de montagnes, ébloui par la blancheur de la neige et brûlé par l’ardeur du soleil. Je voulais aller jusqu’à Vicenza ; mais il paraît que je n’ai pu me traîner plus loin qu’ici. Mes idées devinrent si confuses, que toute ma crainte était d’oublier l’italien. Je me rappelle vaguement d’avoir répété longtemps une phrase, de peur de la perdre. Je crois que je pouvais encore parler en arrivant ici ; mais la dernière chose dont je me souvienne, c’est de m’être senti fort mal dans une chambre différente de celle-ci, tout seul, et avec