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Page:Yonge - L'héritier de Redclyffe, Vol 2, 1855.djvu/127

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l’horrible pensée que je mourrais abandonné. J’ai aussi un souvenir confus d’avoir éprouvé un soulagement à entendre parler anglais, et à voir mon excellent garde-malade ici.

On causa encore un peu, mais c’était assez pour fatiguer Philippe. Walter lui conseilla bientôt de se taire, et lui fit apporter un peu de bouillon. Philippe pria Amy de demeurer encore auprès de lui, et Walter n’y consentit qu’à la condition qu’elle ne causerait pas ; il arrêta même le malade au moment où il allait donner des louanges au bouillon qu’Amable avait su préparer, en dépit des mauvais matériaux, et qui aurait contenté Charles lui-même.

Quand Philippe se fut un peu reposé, Walter lut le service dans la liturgie. Amable pensa n’avoir jamais entendu de voix plus douce que celle de son mari, ni plus convenable pour une chambre de malade. Elle eut de la peine à retenir ses larmes, à ces paroles de Jérémie : Ne pleurez point celui qui est mort, et n’en faites point de condoléance ; mais pleurez amèrement celui qui s’en va en exil, car il ne retournera plus, et ne verra plus le pays de sa naissance. (Jér. XXII, 10), et Philippe en fut aussi vivement touché. Après que la lecture fut finie, ils le laissèrent dormir et allèrent dîner.

— Quand aurai-je le plaisir de vous entendre encore chanter ? demanda Amy à Walter, en rentrant dans leur appartement.

— Pas avant qu’il puisse le supporter sans fatigue, dit Walter. Mais, si vous n’êtes pas fatiguée, allons,