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inexplicable. Il est vrai que Walter s’était développé ; il était devenu moins impétueux, sans avoir rien perdu de sa sensibilité.

Quand il était seul avec Amy, il était grave ; souvent il demeurait longtemps silencieux et plongé dans la méditation. Leurs entretiens étaient généralement sérieux, et, avec le reste de la famille, il était aussi plus posé qu’autrefois, quoique toujours gai et affectueux.

Toute la famille Edmonstone regardait bien Walter comme un de ses membres. M. Edmonstone protégeait les deux amants, tout en les accablant de plaisanteries, qu’ils apprirent bientôt à écouter sans rougir. Madame Edmonstone, type d’une bonne mère de famille, était ravie de s’entendre appeler maman par Walter. Charles, toujours mieux portant, se réjouissait d’avoir retrouvé son ami, de voir sa sœur heureuse, et d’avoir enfin trouvé Philippe en faute. Charlotte était enchantée d’être admise dans le secret d’une affaire d’amour, et d’avoir retrouvé Trim.

Laura seule n’était pas heureuse, et ne se rendait pas compte de ses impressions. Elle ne pouvait pas cacher sa tristesse, que l’on attribuait au chagrin de perdre sa sœur ; et cela semblait d’autant plus vraisemblable, qu’elle lui témoignait plus d’amitié que jamais, craignant toujours, au fond de son cœur, qu’une coupable jalousie ne fût la cause de sa peine. Walter, se sentant coupable envers cette bonne sœur à qui il allait enlever sa cadette, cherchait à la dédommager par des attentions qui redoublaient sa tristesse.