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Page:Yonge - L'héritier de Redclyffe, Vol 2, 1855.djvu/168

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moment sur le sofa, avant d’entrer auprès de Walter. Le premier regard que Philippe jeta sur le malade le rassura, car il n’était pas, à beaucoup près, aussi changé que lui-même l’était encore. La figure de Walter était habituellement maigre, son teint était encore hâlé par le voyage, et le léger coloris que la fièvre donnait à ses joues lui laissait à peu près son apparence habituelle. Ses beaux yeux bruns étaient toujours brillants, et, quoique la main qu’il tendit à Philippe fût brûlante et amaigrie, son cousin le rassura par des paroles gaies et bienveillantes qu’il lui adressa d’une voix assez forte. Amy avança une chaise, jeta un regard à son cousin pour lui recommander la prudence, et se retira dans sa chambre, en laissant la porte ouverte, car les deux malades n’étaient pas en état de demeurer tout à fait seuls ensemble.

Philippe s’assit, et, après une courte pause, Walter commença :

— Il y a quelque chose que je voudrais vous demander, pour le cas où vous seriez mon successeur à Redclyffe.

Philippe fut saisi d’horreur ; mais il voyait Amy écrivant à sa petite table, et il se contint.

— Je ne veux pas essayer de vous diriger, continua Walter. Vous serez un beaucoup meilleur propriétaire que moi ; mais il y a deux ou trois petites choses auxquelles je tiendrais…

— Tout ce que vous voudrez !

— Le vieux Markham. Il a des préjugés de l’ancien temps, mais sa vie tient au domaine de notre famille !