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Page:Yonge - L'héritier de Redclyffe, Vol 2, 1855.djvu/296

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Mayerne. Il lui serait si doux de rendre ce service à sa mère, si Charles voulait bien se contenter de sa société !

Charles parla comme elle. L’amitié lui faisait comprendre qu’il serait bon pour Amable d’être occupée, sans avoir besoin de paraître gaie. Le docteur Mayerne conseilla aussi à madame Edmonstone d’aller en Irlande, et promit, ainsi que Mary Ross, d’envoyer chaque semaine le bulletin physique et moral de Hollywell, selon l’expression de Charles. On se mit donc à faire les paquets, et madame Edmonstone, après bien des larmes et des recommandations, monta enfin en voiture. Comme elle s’éloignait, elle vit Charles qui lui faisait des signes d’adieu de la fenêtre, et Amable debout sur les marches du perron, souriant aux voyageurs.

Le bulletin moral et physique prouva que Charles avait bien jugé. Amable, moins agitée, reprit un peu de forces. Elle passait plus de temps hors de sa chambre, ne trouvant plus en bas autant de bruit et de mouvement, et, le soir, elle semblait moins lasse. Elle évitait toujours le jardin, mais elle aimait à faire de courtes promenades dans le petit phaéton ; Charles le conduisait en silence, et la laissait rêver en regardant le ciel ou l’horizon. De temps en temps elle le réjouissait par un sourire naturel, causé d’ordinaire par un progrès de son enfant, qui commençait à rire et à regarder autour d’elle avec des yeux qui ressemblaient de plus en plus à ceux de son père. Elle aurait craint d’ennuyer son frère en lui procurant