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crainte de parler et de voir les gens, et chargea Markham de se procurer une petite voiture pour le poney. Markham fut très réjoui de ce changement ; car, depuis la maladie de M. Morville, il prenait quelque intérêt à sa personne ; il voyait que Redclyffe était un fardeau pour lui, et qu’il regardait aussi la fille de Walter comme une princesse déshéritée.

Cette courte promenade avait tellement fatigué Philippe qu’il s’endormit jusqu’au dîner. Il se réveilla fort rafraîchi, dit qu’il n’avait pas eu depuis longtemps un sommeil aussi calme, et put manger quelque chose.

Dès lors il devint de jour en jour plus fort, et put reprendre ses occupations. Il commença par joindre quelques lignes aux lettres d’Amable à Laura, et finit par écrire des lettres entières. Dès qu’il eut une petite voiture pour le poney, il promena Charles tous les jours ; Amable, étant libre, fit à son gré des voyages de découvertes dans les lieux fréquenté autrefois par Walter, et que des descriptions lui avaient fait connaître. Dès les premiers jour elle trouva la chambre de Walter ; elle s’y promenait en long et en large avec la petite Mary dans ses bras, lui montrant les trésors réunis par son père dans son enfance, et que madame Drew conservait avec un soin religieux. Un jour, étant seule dans le salon, elle voulut essayer le piano qu’il avait choisi pour elle. Il était fermé, mais elle en avait la clef, qu’il lui avait donnée en venant de Londres. Elle l’ouvrit donc ; mais la première note qu’elle toucha lui rappela si vivement le temps où elle