Page:Young - Les Nuits, trad. Le Tourneur, t. 1-2, 1827.djvu/21

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mais la mort de ce prince, arrivée en 1751, acheva de faire évanouir les espérances qu'il pouvait encore avoir d'avancer dans les dignités de l'église.

J'avoue qu'à la première lecture des Nuits, je fus étonné d'apprendre d'Young même, qu'il avait été courtisan. Qu'y a t-il en effet de commun entre la cour et un homme de génie, amoureux de la solitude, qui ne se repaît que d'idées tristes et sombres, et qu'on voit toujours rêvant au milieu des tombeaux sur l'immortalité ? Aussi ne faut-il pas croire que cette mélancolie profonde que respirent ses Nuits, ait été toute sa vie l'état de son cœur. Sans doute, il eut toujours pour la retraite ce goût naturel aux âmes sensibles et nécessaire aux gens de lettres; mais ce penchant n'exclut point en lui une ambition fondée sur des talens du premier ordre, et qui ne faisait qu'ajouter les espérances du courtisan aux vertus de l'homme de bien. L'expérience et les années l'avaient déjà détrompé de cette illusion, lorsque