Page:Young - Les Nuits, trad. Le Tourneur, t. 1-2, 1827.djvu/23

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la mort, et pénétrer jusqu'aux régions heureuses dont il est le passage. Telle fut l'occasion de son beau poëme des Nuits, celui de ses ouvrages qui est le plus original, et qui n'est propre qu'à lui.

Semblable à ces lampes sépulcrales, son génie brûla dix années sur les tombeaux de ses amis. A force de répandre ses regrets, leur amertume s'adoucit; il vécut plus tranquille, et même il vécut longtemps depuis. On peut s'étonner qu'un chagrin si actif et si profond n'ait pas abrégé ses jours. Comment cette imagination brûlante, dont la sombre tristesse avait concentré les feux, et qui a pénétré ses écrits d'une flamme qui allume encore l'imagination de tout lecteur sensible; comment, dis-je, cette fièvre continue de la douleur et de l'enthousiasme n'a-t-elle pas en peu d'années fatigué, desséché ses organes et dévoré sa vie ?
Enfin la mort qu'il avait tant invoquée, arriva le 12 avril 1765. Elle le frappa dans son presbytère de Wettwin. Si sa mo-