Page:Young - Voyages en France en 1787, 1788 et 1789.djvu/103

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

du comte de Chabot, autre frère de la duchesse de Larochefoucauld ; du marquis d’Aubourval ; ce qui, en comptant mes deux compagnons et moi-même, fait un total de neuf convives au dîner et au souper. Un traiteur nous prend 4 livres par tête pour les deux repas, composés : à dîner, de deux services et un dessert ; à souper, d’un service et de dessert, le tout bien garni des fruits de saison ; on paye le vin à part, 6 sous (3 d.) la bouteille. Ce n’est qu’avec difficulté que le palefrenier du comte a pu trouver une écurie. Le foin ne vaut guère moins de 5 l. st. par tonne ; l’avoine est à peu près au même prix en Angleterre, mais moins bonne ; la paille est chère et si rare que souvent les chevaux se passent de litière.

Les états de Languedoc font bâtir un grand établissement de bains, contenant des cabinets séparés avec baignoire, une vaste salle commune et deux galeries où l’on peut se promener à l’abri du soleil et de la pluie. Il n’y a actuellement que d’horribles trous. Les patients sont enfoncés jusqu’au cou dans une eau sulfureuse, bouillante, que l’on croirait destinée, ainsi que la caverne de bêtes sauvages d’où elle sort, à donner plus de maladies qu’elle n’en guérit.

On y a recours pour des éruptions cutanées. La vie y est monotone. Les baigneurs et les buveurs d’eau ne vont à la source que vers cinq heures et demie, six heures du matin, mais mon ami et moi parcourons déjà les montagnes, en admirant les scènes grandioses et sauvages que l’on y rencontre à chaque pas. La région des Pyrénées tout entière est d’une nature et d’un aspect tellement différents de ce que j’avais encore vu, que ces excursions m’intéressent au plus haut point. La culture est d’une grande perfection, surtout en ce qui regarde les prairies arrosées ; nous recherchons les