Page:Young - Voyages en France en 1787, 1788 et 1789.djvu/216

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les plus pauvres que j’aie encore vus en Bretagne. Bonnes maisons de pierre, couvertes d’ardoises, mais sans vitres. Auray a un petit port et quelques sloops, ce qui donne toujours de la gaieté à une ville. Jusqu’à Vannes, campagne variée, mais les landes dominent. Vannes n’est pas sans importance, mais son port et sa promenade en font la principale beauté.

Le 18. — Musiliac (Muzillac). On a en vue Belle-Isle et les îles plus petites d’Hédic (Haëdic) et d’Honat (Houat). Si Musiliac ne peut se vanter d’autre chose, il le peut au moins de son bon marché. J’eus pour dîner deux bons poissons plats, des huîtres, de la soupe, un beau rôti de canard, avec un ample dessert consistant en raisin, poires, noix, biscuits et liqueur, une pinte d’excellent bordeaux ; ma jument, outre le foin, reçut trois quarts de peck (soit 7 litres) d’avoine, pour 56 sous ; 2 sous à la fille et autant au garçon, font en tout 3 fr. Jusqu’à la Roche-Bernard, des landes, des landes, des landes ! La hardiesse des rives de la Vilaine la rend pittoresque, il n’y a pas d’ennuyeuses plaines ; elle a les deux tiers de la largeur de la Tamise à Westminster, et serait égale à quelque rivière que ce soit si ses bords étaient boisés ; mais ce ne sont que les déserts du reste du pays. — 33 milles.

Le 19. — Fait un détour sur Auvergnac, château du comte de La Bourdonnaye, pour lequel j’avais une lettre de la duchesse d’Anville ; c’était la personne qui pouvait le mieux me renseigner sur la Bretagne, ayant été pendant vingt-cinq ans premier syndic de la noblesse. On aurait à plaisir amoncelé les pentes et les rochers, que l’on aurait eu peine à faire un plus mauvais chemin que ces cinq milles ; si