Page:Young - Voyages en France en 1787, 1788 et 1789.djvu/227

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ce fait, que j’avais lu avec tant de plaisir le livre de M. de Tourbilly, que je désirais vivement voir les choses qui y sont rapportées. Il me répondit sur-le-champ en bon anglais, me reçut avec une politesse si cordiale et de telles expressions d’estime pour l’objet de mon voyage, qu’il me mit parfaitement à l’aise avec moi-même, et par suite avec tout ce qui m’entourait. Il commanda un déjeuner à l’anglaise et donna des ordres pour qu’un homme nous accompagnât dans cette excursion. Je désirai que ce fût le plus vieil ouvrier du temps de feu le marquis. Je fus satisfait d’apprendre qu’il y en avait un qui l’avait servi dès le commencement des travaux. À déjeuner, M. de Galway me présenta son frère, qui, lui aussi, parle anglais ; il regretta de ne pouvoir me faire connaître madame de Galway ; mais elle était en couches. Il me fit ensuite l’histoire de l’acquisition de ce château par son père. Son arrière-grand-père s’était établi en Bretagne du temps que Jacques Il fuyait le trône ; plusieurs membres de la famille vivent encore dans le comté de Cork, près de Lotta. Son père s’était rendu fameux dans cette province par son habileté agricole, et en récompense d’améliorations faites sur les landes, les états lui avaient donné dans Belle-Isle une vaste étendue, qui appartient encore à son fils. Ayant appris que le marquis de Tourbilly était entièrement ruiné, et que ses biens d’Anjou allaient être vendus par les créanciers, il les examina, et trouvant la terre susceptible d’être amendée, acheta Tourbilly pour 15,000 louis d’or, marché fort avantageux, bien qu’avec le domaine il ait aussi acheté quelques procès. Il y a environ 3,000 arpents presque contigus, la seigneurie de deux paroisses, avec la haute justice, etc., etc., un beau château, vaste et commode, des communs très complets,