Page:Young - Voyages en France en 1787, 1788 et 1789.djvu/232

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cirque immense de collines, couvertes par une forêt, encadre le tout.

Le 5. — Rouen. L’hôtel-Royal fait opposition à cette hideuse tanière de fripons et d’insolents, la Pomme de pin. Au théâtre, le soir : il n’est pas, je pense, aussi grand que celui de Nantes, et surtout il ne lui est pas comparable pour l’élégance et le luxe : il est sombre et malpropre. La Caravane du Caire de Grétry : la musique, quoiqu’il y ait un peu trop de chœurs et de tapage, contient quelques passages tendres et agréables. Je la préfère à tout ce que j’ai entendu de ce célèbre compositeur. Le lendemain matin, j’allai visiter M. Scanegatty, professeur de physique dans la Société royale d’agriculture ; il me reçut avec politesse. Une salle fort grande est garnie d’instruments de mathématiques et de physique et de modèles. Il m’expliqua quelques-uns de ces derniers, particulièrement un four pour le plâtre qu’on apporte ici en grandes quantités de Montmartre. Visité MM. Midy, Roffec et compagnie, les plus grands négociants en laines du royaume. Ils eurent la bonté de me faire voir une grande variété de laines de toutes les parties de l’Europe et de me permettre d’en prendre des échantillons. Le jour suivant, au matin, j’allai à Darnetal, chez M. Curmer, qui me montra sa fabrique. Retourné à Rouen et dîné avec M. Portier, directeur général des fermes, pour lequel j’avais une lettre du duc de Larochefoucauld. La conversation tomba entre autres choses sur le manque de nouvelles rues à Rouen en comparaison du Havre, de Nantes et de Bordeaux. On remarqua que, dans ces dernières villes, un négociant s’enrichit en dix ou quinze ans et fait bâtir. Ici c’est un commerce d’économie, dans lequel la fortune