Page:Young - Voyages en France en 1787, 1788 et 1789.djvu/295

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pas chez lui. M. Dorsé en a de trente à quarante mille. Tout le long du chemin, la moisson avait mauvaise apparence, non point à cause d’une forte gelée, mais des froids de la semaine dernière.

Arrivé à Reims à travers les cinq milles de forêts couronnant les hauteurs qui séparent le vallon d’Épernay de la grande plaine de Reims. Le premier coup d’œil de cette ville, au moment où l’on commence à descendre, est magnifique. La cathédrale s’élève d’un air majestueux, et l’église Saint-Remy termine noblement la ville. Ces aspects de cités sont communs en France ; mais, à l’entrée, vous ne trouvez plus qu’une confusion de ruelles étroites, sales, tortueuses et sombres. À Reims, c’est autre chose, les rues sont presque toutes droites, larges et bien bâties ; elles vont de pair avec tout ce que je connais de mieux sous ce rapport, et l’hôtel de Moulinet est si grand et si bien servi, qu’il ne détruit pas le plaisir causé par les choses agréables que l’on a vues, en provoquant des sensations toutes contraires chez le voyageur, ce qui est trop souvent le cas dans les hôtels français. On me servit à dîner une bouteille d’excellent vin. Je suppose que l’air condensé (fixed air) est bon pour les rhumatismes, car j’en ressentais quelques atteintes avant d’entrer dans cette province, mais le champagne mousseux les a fait complètement disparaître. J’avais des lettres pour M. Cadot aîné, grand manufacturier et propriétaire d’une vigne étendue qu’il cultive lui-même ; à ces deux titres, je devais faire fond sur lui. Il me reçut très courtoisement, répondit à mes demandes et me montra sa fabrique. La cathédrale est grande, mais me frappe moins que celle d’Amiens ; elle est cependant richement sculptée, et a de beaux vitraux. On me montra l’endroit où les rois sont couronnés. On entre dans