Page:Young - Voyages en France en 1787, 1788 et 1789.djvu/346

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contre la France, de façon à causer les plus vives alarmes, c’était pour une femme un très grand crime de se faire le guide d’un étranger, surtout un étranger qui avait pris tant de renseignements suspects : elle devait aller en prison. J’assurai qu’elle était complètement innocente, car il était impossible de lui prêter aucun mauvais dessein. J’avais vu les sources inférieures : désireux de visiter les autres je cherchais un guide, elle s’était offerte, elle ne pouvait avoir d’autre espérance que de rapporter quelques sols pour sa pauvre famille. Ce fut alors sur moi que tombèrent les interrogations. Puisque mon but n’était que de voir les sources, pourquoi cette multitude de questions sur le prix, la valeur et le revenu des terres ? Qu’est-ce que cela avait à faire avec les sources et les volcans ? Je leur répondis que ma position de cultivateur en Angleterre me faisait prendre à ces choses un intérêt personnel ; que s’ils voulaient envoyer prendre des informations à Clermont, ils pourraient trouver des personnes respectables qui leur attesteraient la vérité de ce que j’avançais. J’espérais que l’indiscrétion de cette femme (je ne pouvais l’appeler une faute) étant la première qu’elle ait commise, on la renverrait purement et simplement. On me le refusa d’abord, pour me l’accorder ensuite, sur ma déclaration que si on la menait en prison, je l’y suivrais en rendant la municipalité responsable. Elle fut renvoyée après une réprimande, et je repris mon chemin sans m’étonner de l’ignorance de ces gens, qui leur fait voir la reine conspirant contre leurs rochers et leurs sources ; il y a longtemps que je suis blasé sur ce chapitre-là. Je vis mon premier guide au milieu de la foule qui l’avait accablé d’autant de questions sur moi que je lui en avais posé sur les récoltes. Deux opinions se balançaient : la première,