Page:Young - Voyages en France en 1787, 1788 et 1789.djvu/401

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Dans une période où on peut mal supporter un accroissement de charges, on s’épuise en souscriptions énormes pour le soutien des pauvres ; on ne paye pas pour eux moins de 40,000 louis d’or par an, y compris le revenu des hôpitaux et des fondations charitables. Mon compagnon de voyage, désirant arriver au plus tôt à Paris, m’a persuadé de l’accompagner dans sa chaise de poste, façon de voyager détestable à mon goût, mais la saison m’y forçait. Un autre motif : c’était d’avoir plus de temps à passer à Paris pour observer ce spectacle extraordinaire d’un roi, d’une reine et d’un dauphin de France, prisonniers de leur peuple. J’acceptai donc, et nous nous sommes mis en route aujourd’hui après dîner. Au bout de dix milles nous atteignîmes les montagnes. La campagne est triste, ni clôtures, ni mûriers, ni vignes, de grandes terres incultes, et rien qui indique le voisinage d’une grande ville. Couché à Arnas. Bon hôtel. — 17 milles.

Le 30. — En chemin de bon matin pour Tarare, dont la montagne est moins formidable en réalité qu’on veut bien le dire. Même pays jusqu’à Saint-Symphorien. Les maisons deviennent plus belles, plus nombreuses en approchant de la Loire, que l’on passe à Roanne ; c’est déjà une belle rivière, navigable depuis bien des milles, et conséquemment à une grande distance de son embouchure. Beaucoup d’énormes bateaux plats. — 50 milles.

Le 31. — Belle journée, soleil brillant ; nous n’en connaissons guère de semblable en Angleterre dans cette saison. Les bois du Bourbonnais commencent après Droiturier. Le pays devient meilleur : à Saint-Gérand le Puy, il est animé par de jolies maisons blanches et