Page:Young - Voyages en France en 1787, 1788 et 1789.djvu/413

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dans la musique française une aussi grande révolution que celle qui a eu lieu dans le gouvernement. Que pensera-t-on, dans peu, de Lully et de Rameau ? Quel triomphe pour les mânes de Jean-Jacques !

Le 12. — Assemblée nationale ; suite des débats sur la conduite de la chambre des vacations au parlement de Rennes. M. l’abbé Maury, royaliste zélé, a fait un discours très long et très éloquent en faveur du parlement ; sa diction est abondante et précise, il ne se sert pas de notes. Il a répondu à ce qui avait été demandé par le comte de Mirabeau quelques jours avant, et il s’exprima avec véhémence contre son injustifiable appel du peuple de Bretagne à ce qu’il nomma un redoutable dénombrement. Mieux valait, selon lui, pour les membres de cette assemblée, passer en revue leurs principes, leurs devoirs et les fruits de leur soin à respecter des privilèges des sujets du royaume, que de provoquer un dénombrement qui livrerait au fer et au feu toute une province. Par six différentes fois, il fut obligé de s’arrêter à cause du tumulte tant des tribunes que de l’assemblée ; rien ne l’émut, il attendait froidement le retour du calme et reprenait comme si rien ne s’était passé. Son discours était très remarquable ; les royalistes l’admirèrent beaucoup, mais les enragés le condamnèrent comme au-dessous du pire. Personne autre ne parla sans notes : le comte de Clermont lut un discours où se trouvaient quelques passages brillants, mais contenant toute autre chose qu’une réponse à celui qui avait précédé ; et en vérité c’eût été merveille qu’il en fût autrement, ayant été préparé avant que l’abbé eût pris la parole. Impossible de rendre l’ennui que ce mode de lecture donne aux séances de cette assemblée. Qui de nous voudrait rester