Page:Yver - Aujourd hui.djvu/19

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province ; je puis lui donner un bien-être, un luxe même que je n’avais pas escompté. Il me semble que si j’étais femme… Car enfin, avec cela elle est aimée, plus même, savourée, goûtée avec raffinement : son esprit, ses mots, la commissure de ses paupières brunes, sa tête si pesante dans mes mains… Quand les autres me parlent des femmes qu’ils aiment, je hausse les épaules…

Quatre ans de fiançailles, ce fut trop. Pourtant, c’eût été amorcer notre vie à faux, que d’avoir Odette avant le cabinet, les meubles, la clientèle. Je ne pouvais pas faire irruption dans son histoire de jeune fille comme un événement sans envergure, un incident pauvre. On sait ce que c’est qu’un ménage d’étudiants. Les malheureux ne s’en relèvent jamais. Là encore, je n’ai rien à me reprocher. Mais pendant ces quatre ans, elle prenait racine dans les hôpitaux. Après Lariboisière, ç’a été la Pitié ; après la Pitié, Tenon.