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Page:Yver - Comment s en vont les reines.djvu/67

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— Cela suffit, monsieur, dit Samuel, vous reviendrez demain soir me renseigner sur ce qui se dit en ville, car on y parlera sans doute beaucoup. Combien vous dois-je ?

Il était écrit que, jusqu’au bout du colloque, ce génial cabotin trouverait à chaque opportunité le mot de la situation. Il sut, à ce moment, faire la plus belle sortie du monde :

— Non, monsieur le délégué, pas d’argent ; je n’étais pas dans l’exercice de mon métier ; demain, oui, je serai votre policier que vous paierez ; aujourd’hui, je suis votre obscur admirateur ; je vous ai rendu service, je suis tout récompensé. Excusez-moi, j’ai si peu l’occasion d’être désintéressé !

À cette superbe phrase, il perdit environ le quart des appointements secrets qu’il touchait chaque mois au service du duc de Hansegel, mais il y gagna de laisser Wartz sous une impression trouble à son sujet : une impression mitigée de défiance, d’admiration et de pitié.

Quand la porte du cabinet se fut refermée sur l’agent politique, qu’on entendit son pas se perdre sur la neige craquelante du jardin, et qu’il eut franchi la grille ouverte sur la grande rue du faubourg, Samuel vint retomber à son bureau, le front dans la main, absorbé et comme anéanti. Et, tout