Page:Yver - Dans le jardin du feminisme.djvu/72

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l’entourent. Des années plus tard, lorsque, ayant amoureusement cultivé son art, elle sera devenue elle-même une exquise musicienne qui remporte des succès mondains, ses éducatrices s’alarmeront une jeune fille ne doit pas se faire remarquer, même par un talent. Elle doit passer comme invisible et visible seulement pour le seul homme à qui le sort la réserve. Ainsi devra-t-elle renoncer à se faire entendre en public et à goûter l’encens léger des compliments du monde. « Ma grand’mère se méfiait du talent parce qu’il porte à l’indépendance, ce qui dans son esprit était la pire des choses. » Le couvent, d’autre part, réprime jusqu’aux essors de sa piété trop vive, jusqu’à ses désirs d’une perfection singulière. Sa famille s’émeut parce que le seul nom d’un jeune homme entrevu fait battre son cœur et que son imagination là-dessus bondit dans l’infini. On craint, juste titre, le romanesque pour une fille destinée à un mariage raisonnable. Et en effet, dès qu’on est arrivé, non pas à éteindre l’ardeur de sa vie, mais à la discipliner, le jour où elle